La reliure d’art

Une reliure d’art est une couverture imaginée et façonnée par un artiste pour mettre en valeur et protéger un livre. Elle s’applique à toute la surface extérieure du livre, aux pages de garde, ainsi qu’au corps d’ouvrage.

La reliure ancienne
La reliure existe depuis le début de l’ère chrétienne, quand le livre prend la forme d’un ensemble de feuillets cousus ensemble. Mais, en Occident, ce n’est qu’à partir du Moyen-Âge qu’on peut parler de reliure d’art. C’est cent ans avant l’invention de l’imprimerie, alors qu’on copie les livres à la main, ce qui en fait des objets extrêmement rares et précieux.

Paris aspects et reflets par Léon Gasset. Illustrations en couleurs de Ch. Samson. L’édition d’art H. Piazza, 1948. Reliure d’or et d’argent d’Odette Drapeau. Mosaïques de cuir marin dorées à la feuille d’or et au palladium. Format : 24,5 cm x 18 cm

Outre sa fonction de conservation, la reliure confère au livre une dimension artistique par un décor élaboré, fabriqué en métaux ou tissus précieux comme l’or, l’argent, l’ivoire, la soie, le velours puis, plus modestement, le cuir.
La reliure se développe d’abord dans les monastères, puis dans des ateliers spécialisés dans les métiers du livre. Les relieurs répondent aux commandes de l’Église, des rois, des universités, des libraires, des imprimeurs, ou de riches collectionneurs. Les outils et les techniques de la reliure n’ont guère changé depuis ce temps, mais les styles ont évolué en fonction des courants artistiques de chaque époque. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les décors proposent des motifs inspirés de la flore et de la faune ou encore des formes géométriques qui ont rarement un lien avec le contenu du livre.

La reliure actuelle
Au cours du XXe siècle, des artistes choisissent la reliure comme moyen d’expression. Ce sont, en très grande majorité, des femmes. Elles se servent du livre comme support de création et la plupart d’entre elles s’inspirent de l’œuvre écrite pour imaginer le décor. Elles développent leur propre style et imposent leur signature. Elles exposent dans les bibliothèques, les galeries et les musées, les librairies, les salons. Certaines d’entre elles répondent à des commandes, d’autres transmettent leurs compétences.
Les relieurs s’associent parfois à des auteurs, des éditeurs, des fabricants de papier, des typographes, des graveurs pour concevoir ce qu’il est convenu d’appeler un « livre d’artiste ».
Sur la photo ci-contre, on peut voir L’enfant de la maison folle écrit, illustré et mis en page par Christiane Duchesne. La reliure japonaise en agneau velours beige et l’écrin, une boîte à musique en daim beige et en cuir marron, ont été réalisés par Odette Drapeau en 1980. Format du livre : 29 cm x 22 cm. Collection : Bibliothèque et Archives Canada

La reliure de l’avenir
Alors que la littérature et l’ensemble des connaissances empruntent de plus en plus les réseaux informatiques, on ignore encore si le support numérique résistera à la volatilité des pixels. Le livre imprimé sur papier, lui, a su traverser les siècles et il deviendra peut-être, avec le temps, aussi rare et précieux que le livre manuscrit du Moyen-Âge. Il est donc important de conserver ce savoir-faire millénaire qu’est la reliure d’art et de continuer à l’enrichir de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux. C’est ainsi qu’elle demeurera un art vivant pour le plus grand plaisir des amateurs de beaux livres.

La technique
La création d’une reliure d’art comporte plusieurs opérations qui demandent une maîtrise technique et une connaissance des matériaux acquises après des années d’apprentissage.

À défaut d’expliquer le processus de fabrication d’une reliure, voici un aperçu du vocabulaire relié à la discipline. Des mots qui évoquent la minutie, la patience, la sensualité…

Opérations
Débrochage, ébarbage, élagage, grecquage, rognage, plissage, collage, assemblage, estampage, embossage, mosaïque, collationnure, plaçure, ciselure, couture, endossure, tranchefilure, parure, couvrure, doublure, apprêture, dorure, marbrure, enluminure, finissure…

Matériaux
La peau animale : chagrin (peau de chèvre), parchemin (peau de mouton), vélin (peau de veau mort-né ou de chèvre), basane (peau de mouton tannée avec des substances végétales), box (veau), maroquin, porc, agneau, daim, buffle, grenouille, autruche, aiguille de porc-épic…
Le cuir marin : anguille, turbot, galuchat (raie), morue, requin, saumon, carpe, aiglefin, plie, sole, truite…
Papier, mousseline, carton, bois, métal, toile…
Soie, velours, satin, taffetas, fil d’or, d’argent, de soie, perles, paillettes, tissus synthétiques et intelligents…

Outils
Cousoir, plioir, presse, cisaille, compas, scalpel, pointe, fermoir, cabochon…

Reliures
Reliure traditionnelle, reliure à structure apparente, à structure croisée, souple ou simplifiée, tissée ou japonaise, reliure siamoise, reliure copte…